La ludothèque est une institution plutôt récente d’une cinquantaine d’année, elle s’est construite autour de l’objet jeu comme le sont les bibliothèques autour de l’objet livre. La vocation historique des ludothèques (avec notamment les premiers prêts de jeu) était d’instaurer chez le public un autre rapport au jouet que celui de la possession. Avec les années, les ludothèques se sont démocratisées et œuvrent au quotidien pour leur mission première : donner à jouer.

La ludothèque, institution de loisirs

Le jeu est au centre des ludothèques d’une part parce qu’il est présent partout dans la structure mais surtout parce que c’est aujourd’hui leur raison d’être, ce qui les différencie des autres structures d’accueil comme les centres de loisirs, les maisons de quartier etc. De ce fait, l’activité du joueur (que ce soit les bébés, les enfants, les parents ou tout autre public) est libre, non contrainte, fictive, non finalisée et non contrôlée. C’est de part ces caractéristiques propres que le jeu s’inscrit pleinement dans le loisir.

La ludothèque, une structure à caractère social, culturel et éducatif

De par sa vocation à offrir du jeu et donner à jouer à tous, les ludothèques s’inscrivent intrinsèquement dans une démarche de création de lien social pour le public, de démocratisation culturel autour de l’objet jeu, et devient a fortiori pionnière en matière d’éducation informelle.

La ludothèque est une institution de loisirs ouverte à tous. Les touts petits et leurs parents, les enfants, adolescents, adultes, professionnels (assistante maternelle, éducateurs spécialisés, animateurs ou encore les professeurs des écoles), publics en situation de handicap, tous sont invités (sur des temps d’accueil libre) à venir se rencontrer, discuter autour d’un jeu. En effet, la ludothèque est un lieu propice à l’échange de par l’objet qu’elle propose : le jeu ; et peut à travers de ces accueils tous publics dégager une dynamique sociale qui va à l’encontre de la tendance à l’individualisme. La notion d’accueil libre permet ainsi de voir apparaître une dimension intergénérationnelle et interculturelle à cette structure : petits et grands, personnes de culture et milieux sociaux différents se retrouvent pour partager, échanger et jouer. Aussi afin de favoriser l’entrée en jeu, des accueils spécifiques peuvent être organisés indépendamment de l’accueil libre. C’est souvent lors de ces accueils que les professionnels viennent à la rencontre des ludothécaires pour pouvoir faire découvrir le jeu à leurs publics.

Le volet intergénérationnel à une place particulière à la ludothèque : en effet, contrairement à d’autres structures d’accueil du public où les enfants sont déposés puis repris après la journée d’activité, les parents ont toute leur place au sein de cette structure. Parents et enfants sont donc invités à jouer ensemble, à créer peut être un lien encore inédit. Les ludothécaires, par leurs connaissances approfondies du jeu, invitent également les parents à observer le jeu des enfants, convaincus qu’un adulte regardant un enfant jouer est un adulte qui éduque. Travailler autour de la parentalité est donc également une des missions des ludothécaires.

Le caractère social de la ludothèque peut également se traduire au travers des règles de « citoyenneté » qu’elle suppose dans son fonctionnement, et qui n’est autre que le reflet de ce qu’est l’activité ludique, activité  réglée. La liberté du jeu, et donc la liberté de décision au sein de la structure est primordiale : « je joue au jeu que je veux, le temps que je veux, avec qui je veux » en faisant très attention de ne pas détruire le jeu du voisin. Cela s’observe particulièrement chez les enfants, qui reproduise par le jeu une démarche citoyenne :  concertation entre joueurs, prise de décisions, et souvent autogestion des conflits à l’intérieur du jeu.

La dimension culturelle de la ludothèque est à mettre en corrélation directe avec l’objet qu’elle porte : le jeu. Reconnaître le jeu comme un objet culturel va de paire avec la reconnaissance des ludothèques comme une institution culturelle. Elle offre ainsi à voir que le jeu s’est démocratisé partout dans le monde : le jeu est partout, dans chaque coin de la planète. A travers une proposition de jeux du monde, la ludothèque permet une ouverture culturelle sur l’activité ludique internationale. Aussi, le jeu est une activité historiquement située car elle a fait partie des premières activités de l’Homme. Bien qu’elles ne puissent rendre compte sur ces premiers jeux, les ludothèques ont également la possibilité de proposer des jeux anciens (des jeux d’hier). Ainsi les ludothèques, de par la qualité et la quantité de « son coffre à jouer » participe et s’engage dans le rayonnement, la conservation et la démocratisation du patrimoine ludique.

Les ludothèques jouent également un rôle dans le paysage éducatif aujourd’hui. En effet, pleinement convaincue de l’apport éducatif que peut engendrer une activité ludique sur un public, elle met au centre et démontre la puissance de l’éducation informelle aujourd’hui. Sous le regard bienveillant des professionnels de la structure, le joueur construit une réalité ludique et cela lui permet de revivre, en jeu, des situations de la vie quotidienne pour les explorer, les comprendre, notamment dans le jeu symbolique. Les apprentissages découlant de l’activité ludique sont plus à mettre sur le compte de l’expérience et l’expérimentation que fait le joueur en jouant que du jeu lui-même. C’est ainsi que les ludothèques ont un volet éducatif, mais qui ne constitue pas la finalité de l’activité.

A travers leurs actions et leurs valeurs, les ludothèques s’inscrivent pleinement dans la mouvance de l‘éducation populaire en s’appuyant sur le jeu : Elles peuvent être une structure référent pour l’émancipation, l’imagination, l’auto-éducation. L’éducation de tous, par tous est portée par le projet des ludothèques.